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Filtering by Tag: Edition art contemporain

BINIDITTU: mémoire des migrations par Nicola Lo CALZO

Olivier Ponsoye

Soutien à l’édition du fonds de dotation pour Binidittu ou l’homme invisible

Le projet photographique documentaire BINIDITTU s’inscrit dans le cadre d’une recherche plus large sur les mémoires de l’esclavage colonial et des diasporas africaines dans le monde, démarrée en 2010, le projet CHAM.

Binidittu interroge l’invisibilité des Africains migrants en Méditerranée à travers la figure de Benoît Manas- seri, un esclave afro-sicilien, devenu le premier saint noir de l’histoire (1524-1589) sous le nom de Benoît le Maure. Binidittu est une réflexion sur les conditions souvent « invisibles » des Africains migrants et les multiples représentations « visibles » auxquelles ils sont assignés dans la société d’accueil. Cela à partir d’une prospective historique, celle de l’esclavage méditerranéen, un phénomène historique majeur complètement oublié de l’historie officielle.

Le Soutien à la Photographie Documentaire du CNAP, 2018 m’a permis de développer le projet Binidittu, démarré en 2017. J’ai pu réaliser quatre voyages au mois de juin 2017, de juin à aout 2018, de séptembre à octobre 2018 et en janvier 2019 et ainsi compléter la recherche photographique. A ce jour, Binidittu est le premier documentaire photographique jamais réalisé autour du culte de Benoît le Maure.

Benedetto Manasseri est né en 1524 à San Fratello, ville de la province de Messine (Sicile), d’un couple d’es- claves africains, Diana, au service de la famille Larcan et Cristoforo, propriété de la famille Manasseri. Après avoir travaillé comme pasteur, à l’âge de 20 ans, il commença une vie d’ermite à la suite du Frère Girolamo Lanza, jusqu’en 1562 où, par ordre pontifical, il intégra l’ordre des Franciscains et se rendit au couvent de Santa Maria di Gesù à Palerme, où sa réputation comme bienheureux et guérisseur se consolidera jusqu’à sa mort en 1589. De son vivant, sa vénération s’était déjà étendue à toute la Sicile et bientôt à l’Amérique coloniale espagnole et portugaise où elle est encore très présente. En Europe, à l’incroyable renommée qui lui a été attribuée au XVIIème siècle (déjà en 1612, Lope de Vega lui a dédié une pièce : « La célèbre comédie du Noir Saint Rosambuco de la ville de Palerme »), suivit bientôt l’oubli.

Au cours des siècles, à travers une politique d’abolitio memoriae menée par l’Eglise romaine, le culte de Benoît déclina au profit de nouveaux modèles de sainteté. La figure de Benoît fut rapidement considérée comme subversive. En effet, Benoît représentait un modèle proto-abolitionniste qui restituait à l’homme noir sa pleine humanité, jusqu’à l’ériger au statut de saint, au moment où en Europe se construisait l’idéologie de la race et de l’infériorité des Noirs. Bientôt, Benoît, homme noir et africain, disparaitra derrière la figure de/ du “bien aimé” et ensuite de “Saint Benoit Le Maure”. Sa sainteté primera sur l’origine, à tel point qu’au- jourd’hui la plupart des dévots ne voient plus en lui ni un homme noir, ni un Africain.

A l’opposé, depuis le début de la crise migratoire en Méditerranée, la mémoire de Benoît dépasse la dimen- sion religieuse et cherche plutôt à se réapproprier l’identité et l’origine africaine de l’homme derrière le saint. Par le biais d’initiatives locales, elle croise l’expérience des migrants-es africains-es, à qui Benedetto s’offre comme un symbole réactualisé de citoyenneté universelle. À Palerme, carrefour historique de la Méditerra- née, des occasions sont créées pour faciliter la rencontre entre les résidants étrangers, hommes et femmes, arrivés en Sicile, et la population autochtone. Des relations se nouent, transversales en termes de races, de genres et de classes. Des initiatives sont proposées aux migrants par des associations hétéroclites telles que Nottedoro, Porco-Rosso, Donne de Benin City, Mediterraneo Anti-razzista et Arte-Migrante. Le Maire de Palerme a fait de Benoît un véritable enjeu politique en l’élevant au rang de symbole de la paix sociale, à l’encontre du populisme et de la politique anti-migrants menée par le gouvernement italien.

Un fossé semble néanmoins exister entre les Africains migrants et la population autochtone, y compris les dévots. Les populations issues de l’immigration sont confrontées à un certain isolement et à une exclusion des corps politique, économique et social. Nombreux sont les ghettos à voir le jour en marge des grandes plantations agricoles, transformant ces hommes et ces femmes en personnes invisibles.

Le projet photograhique Binidittu repose sur une dialectique qui se veut à la fois symbolique et réelle : d’un coté le culte de Benoit avec ses différentes manifestations sociales et religieuses, et de l’autre les multiples expériences des Africains migrants.

L’apport des études anthropologiques a été déterminant dans le choix du sujet. Mais c’est surtout une fois sur place, à travers la rencontre de personnes (artistes, chercheurs, associations, institutions, familles), que je comprends ce qui m’intéresse et à travers quel angle et avec quelle perspective je souhaite le raconter. Mes photographies prennent forme au fur et à mesure des rencontres et/ou des amitiés que j’ai nouées avec les personnes que je photographie. La narration repose sur plusieurs niveaux de lecture et stratifications : mes photographies, mes capsules sonores et vidéo, ainsi que des représentations historiques telles des cartes, des gravures, des objets collectés par moi même. Il s’agit pour moi de restituer la complexité et l’ambigüité de mes sujets, leur relation au temps présent et historique, leur relation à l’espace physique, politique et social dans lequel je les photographie.

L’héritage de Benoît Manasseri renvoie à une présence aussi bien qu’à une absence, une figure historique majeure, autant célébrée en Amérique Latine qu’elle est oubliée et effacée en Europe. Comment en est-on arrivé à cet oubli en Occident et de quelle manière cela peut nous renseigner sur l’invisibilité des migrants-es africains-es vivant aujourd’hui dans la Méditerranée ? Autant de questions auxquelles le projet photographi- que Binidittu a souhaité répondre.

Nicola Lo Calzo

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CUBA TALKS

Olivier Ponsoye

CUBA TALKS

Auteurs : Laura Salas Redondo, Jérôme Sans

Année : 2018

 

 

Cuba Talks est le premier livre d’envergure explorant la scène artistique contemporaine cubaine depuis les années quatre-vingt. A travers une série de textes et d’entretiens explorant les démarches de trente artistes issus de deux générations différentes, Cuba Talks dresse un large panorama signifiant d’un contexte créatif encore complexe à appréhender. 

 

C’est en croisant leurs deux visions – internes et externes à la culture cubaine – que Laura Salas Redondo et Jérôme Sans ont sélectionné les artistes réunis dans ce livre. Autant de personnalités à qui il est donné d’entendre la voix. Au-delà de la mise en lumière d’une communauté de créateurs, leurs approches singulières démontrent une effervescence artistique unique qui résonne au-delà des frontières de Cuba. 

 

Le livre, de plus de 300 pages, sera illustré d’une importante sélection d’œuvres, créant un volume exceptionnel dédié à l’étude et à une meilleure compréhension d’une scène artistique encore méconnue à l’échelle internationale.

Cuba Talks offre un nouveau regard sur une scène plurielle et résolument engagée dans le débat de la culture cubaine et internationale contemporaine. 

 

 

ARTISTES : 

 

Abel BARROSO, 1971, Pinal del Río

Tania BRUGUERA, La Habana, 1968

Alejandro CAMPINS, 1981, Manzanillo

Elizabet CERVIÑO, 1986, Manzanillo

Iván CAPOTE, 1973, Pinar del Río

Yoan CAPOTE, 1977, Pinar del Río

Los Carpinteros (Dagoberto RODRÍGUEZ, Caibarién, 1971 & Marcos CASTILLO, Camagüey, 1971) 

Celia & Yunior (Celia GONZÁLEZ, 1985 La Habana & Yunior AGUIAR, La Habana, 1984) 

Susana PILAR, La Habana, 1984

Leandro FEAL, 1986, La Habana

Diana FONSECA, La Habana, 1978

Carlos GARAICOA La Habana, 1967

Flavio GARCIANDIA, Caibarién, 1954

Osvaldo GONZÁLEZ, 1982, Camagüey

Hamlet LAVASTIDA, La Habana 1983

Glenda LEÓN, 1976, La Habana

Alexis LEYVA (a.k.a. KCHO), Nueva Gerona, 1970

Reynier LEYVA NOVO, (a.k.a. Chino), 1983, La Habana

Luis LÓPEZ-CHÁVEZ (a.k.a. Chinito), 1988, Manzanillo

Carlos MARTIEL, La Habana, 1989

Yornel MARTÍNEZ, 1981, Manzanillo

Adrian MELIS 1985, La Habana

José MESÍAS, La Habana, 1990

José PARLA, Miami, 1973

Michel PÉREZ (a.k.a. El Pollo), Manzanillo, 1981

Eduardo PONJUAN , Pinar del Rio, 1956

Wilfredo PRIETO, 1978, Sancti Spiritu

Lazaro SAAVEDRA, La Habana, 1964

René Francisco RODRÍGUEZ, Holguín, 1960

José YAQUE, 1985, Manzanillo